Des Celtes, des Pictons, des Lemovices, des Romains et des Gallo-romains ont occupé la région. Roger, comte de Limoges, et son épouse Euphrasie fondent l’abbaye vers 789 avec l’approbation de Charlemagne, sur le lieu même où un pèlerin revenant de Jérusalem lui aurait laissé un morceau de la Vraie Croix.
Cet épisode légendaire est doublé d’une visée politique, le lieu faisant l’objet de disputes entre les comtes de la Marche et du Poitou concernant les limites de leurs territoires.
Etape sur la route de Saint-Jacques de Compostelle, lieu de pèlerinage grâce à ses 70 reliques, l’abbaye Saint-Sauveur devient un foyer spirituel et artistique important. Quatre conciles s’y déroulent, dont celui qui institue la Paix de Dieu, première prescription de l’Eglise afin de protéger les innocents lors des guerres médiévales.
Le pape Urbain II, s’arrête à Charroux en 1096 lors de son voyage en France. La ville, qui appartient depuis le Xe siècle au comte de la Marche, est la capitale de la Basse Marche jusqu’à la fin du XIIe siècle.
La cité se développe grâce au renom de l’abbaye. Autour du château fort, résidence des comtes de la Marche, s’étend Bourg-le-Comte, face à Bourg-l ’Abbé.
La prospérité de Charroux est à l’origine de la continuité du chantier de l’abbaye pendant tout le XIe siècle. Les us et coutumes rédigés de concert entre les abbés, les Bourgois et les comtes témoignent du souci d’attirer et de retenir une population toujours plus importante.
En 1177, Aldebert IV vend son comté au roi d’Angleterre. Les rivalités opposant les rois de France et d’Angleterre portent atteinte à l’abbaye, qui compte jusqu’à 215 établissement en filiale, comprenant des églises, des prieurés et des abbayes.
La guerre de Cent ans marque le début du déclin. La Basse Marche revient aux bourbons et Louis XI donne en 1481 le pouvoir aux abbés au détriment des comtes. L’époque est caractérisée par les abbés commendataires, plus soucieux d’atteindre un maximum de revenus que de spiritualité. Les guerres de religion accélèrent le déclin.
L’abbaye est supprimée en 1780, et vendue comme bien national en 1790.
L’un des 5 lots, les vestiges de la rotonde et du cloître sont rachetés par le curé de Surin, Charles L’oiseau de Grand-Maison. Les 4 autres lots servent de carrière à pierre. La découverte de reliquaires en 1856 déclenche la reprise des Ostensions, qui ont lieu tous les sept ans à la Fête-Dieu. Le déclin de la ville, à la suite de celui de l’abbaye, n’a jamais été enrayé.